Nous sommes DocuSign : Olivier Pin

Olivier Pin, VP Product Management International, a été nommé Directeur général de DocuSign France au printemps dernier. Il nous raconte son parcours professionnel et livre ses ambitions pour l’entreprise.

A la sortie de vos études à Polytechnique et aux Mines, vous avez privilégié une startup plutôt qu’une grande entreprise pour débuter votre carrière. Pourquoi ce choix ?

Il est vrai que ces grandes écoles orientent plutôt les étudiants à faire carrière dans les entreprises du CAC 40. Ce que j’ai d’ailleurs fait puisqu’en sortant des Mines j’ai rejoint un grand constructeur automobile. Mais j’avais gouté lors d’un stage à la vitesse d’innovation dans les technologies de l’information. De ce fait, les temps de développement et de production dans cette entreprise me sont apparus très longs, trop lourds et je me suis rapidement convaincu que je n’étais pas fait pour ce type d’industrie. Cette lourdeur n’est plus forcément vraie aujourd’hui, puisque l’industrie automobile est devenue très réactive et innovante et a d’ailleurs rencontré la tech. Au bout de quelques mois chez ce constructeur j’ai donc recontacté Business Objects, chez qui j’avais fait mon stage et où j’avais adoré l’esprit startup et l’univers du « logiciel ». J’avais été étonné de voir à quel point le secteur des nouvelles technologies pouvait transformer rapidement la vie des entreprises ou des consommateurs et cela sans investissements colossaux. J’ai donc appelé Alexandre Dayon, l’un des fondateurs de Business Objects pour intégrer l’entreprise mais il était sur le départ : il lançait sa propre startup dans le logiciel. Je l’ai suivi et j’ai participé à la création d’Instranet. Nous étions à la fin des années 90, au moment de l’explosion d’internet. C’était passionnant !

Qu’avez-vous apprécié dans cette aventure ?

Tout ! L’état d’esprit d’abord : tout est à inventer et tout se fait en équipe sur des cycles très courts. Dans une startup tout est possible. Précurseur sur le développement des bases de connaissance pour le service client, nous avons vécu le boom des Dot.com en 2000/ 2002, rebondi avec l’ouverture d’un bureau aux Etats-Unis et grandi en Europe. Puis en 2006, nous avons compris que pour survivre nous devions intégrer nos produits aux outils CRM du marché. Nous avons alors construit plusieurs intégrations jusqu’à ce que Salesforce fasse une proposition de rachat. En 2008 nous avons rejoint Salesforce.

Vous êtes donc passé d’une PME française à un grand groupe américain. Comment avez vous vécu cette intégration ?

Je suis parti aux Etats-Unis avec ma famille en 2009. Le départ fut folklorique parce que mon deuxième enfant venait de naitre. Il n’avait que six semaines lorsqu’il a fait son premier voyage Paris-San Francisco ! Le premier n’était pas bien vieux non plus puisqu’il n’avait que trois ans.

Professionnellement en arrivant chez Salesforce, j’ai découvert une société en pleine croissance et d’une inventivité incroyable. Salesforce mettait sans cesse de nouveaux produits sur le marché. Ça ne s’arrêtait jamais. L’entreprise a d’ailleurs été nommée société innovatrice de la décennie. Avec mon passé de Product Manager et de Startuper, on m’a confié le management de nombreux nouveaux produits : la base de connaissance, le portail client (qui deviendra l’offre communauté), l’Analytics Cloud ou encore le Retail Cloud.

Puis en 2016, pour des raisons personnelles, je suis rentré en France avec ma femme et mes quatre enfants. Depuis Paris j’ai continué à gérer les développements produits de Salesforces à distance. Mais les 9000 km qui me séparaient des équipes de R&D et du marketing rendaient ma mission très difficile. Donc, quand l’opportunité DocuSign s’est présentée, je l’ai saisie.

Vous avez passé sept ans dans la Silicon Valley. Quelles sont les différences que vous avez pu observer entre les USA et la France ?

Ce sont deux cultures très différentes. Une spécialiste des différences culturelles entre les 2 régions me le résumait avec la formule : En Californie c’est souvent « oui mais non » alors qu’en France on dit « non mais oui », c’est-à-dire qu’en Californie, on cherchera d’abord à charmer, à s’accorder, alors qu’en France on aura tendance à d’abord se protéger. On retrouve ces différences d’approche dans notre industrie. Là où les ingénieurs américains vont foncer, expérimenter très vite, livrer des versions de produit dans un délai très court, les français vont d’abord voir les risques, les complexités, vont être plus réticents à promettre des timings, mais ils les tiendront. On retrouve aussi ce genre de différences très tôt dans l’enseignement. Outre-Atlantique le focus est mis sur l’apprentissage de méthodes, et surtout la pratique d’interactions sociales. Les enfants sont très vite mis en situation de présentation, en discussion d’idée, en débat. Ici l’enseignement reste très académique. Les deux sont certainement complémentaires. Grâce à l’expérimentation de ces cultures, je peux appliquer le meilleur des deux chez Docusign !

Pourquoi avoir fait le choix de DocuSign ?

DocuSign est le leader mondial de la signature électronique, un marché qui explose, et qui porte une attention toute particulière sur son développement à l’international. Depuis le printemps dernier nous sommes cotés au Nasdaq, mais l’entreprise est encore à taille humaine. Autant d’ingrédients qui rendaient DocuSign particulièrement attirant pour un responsable produit basé à Paris. Mais plus important encore, ce qui a été déterminant dans mon choix c’est que pour nourrir cette croissance à l’international, DocuSign avait commencé à s’appuyer sur une équipe R&D basée à Paris. C’était pour moi idéal de pouvoir construire des solutions adaptées aux clients Européens depuis la France. Au cours de notre événement Momentum, organisé à Paris le 4 octobre dernier et qui a rassemblé plus de 350 participants, nous avons d’ailleurs lancé notre plateforme de System of Agreement, permettant de digitaliser tout le processus d’un contrat, depuis sa préparation jusqu’à sa signature. En ayant rejoint DocuSign je continue donc de satisfaire mon goût pour le lancement de logiciels innovants qui changent la façon dont les entreprises travaillent avec leurs employés, leurs partenaires et leurs clients.

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